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Je commence à me nourrir seul, uniquement de la main gauche, l’épaule droite ne répond plus et chaque mouvement vers le haut me fait bien trop mal. Je passe mes journées allongé, le dossier du lit qui se lève en pressant un bouton est le seul élément qui me fait bouger.

Je découvre “la toilette”, une bassine d’eau, un gants de toilette, les infirmières me retournent, ce mouvement est horriblement douloureux, mais cela permet aussi de soulager mon dos. On me lave, on me met de la crème et on me redonne une chemise propre. Je n’ai plus de force, pas de tonus, chaque articulation est bleue, bandée et chaque mouvement me fait mal.

On arrête la morphine en intraveineuse, je prends encore beaucoup de médicaments et on me gave de laxatif,… oui 4 jours sans aller au toilette, dans mon état c’est pas très bien.

Comment faire ?
Impossible de me lever, impossible de m’ asseoir, impossible de me bouger,… ils utilisent alors un objet qu’ils nomment “vase”, une sorte de pot à se glisser sous les fesses, mais impossible pour moi avec mes fractures.

Une seule solution, retourner en enfance ou devenir sénile avant l’âge: la couche! les aides soignants me rassurent et me mettent sur le côté, ils tirent les rideaux, grosse intimité et c’est parti, ils reviennent aucunement dégoûtés, me nettoient, me parlent et me calment.

A ce moment là, déjà que je suis dans une situation délicate et amoindri, je me rends compte que plus rien n’a d’importance hormis le fait que je sois en vie, les médecins me le répètent souvent comme pour m’aider à avancer,… j’ai eu beaucoup de chance, je devrais être mort ou dans un plus sale état.

Je suis fatigué, je dors tous les après-midis, ça me fait tellement de bien, je rêve de retrouver la mémoire de l’accident, mais rien ne vient…

La gendarmerie passe en fin de journée pour prendre ma déposition. Une femme et un homme entre dans la chambre, sur le visage de la femme une forte émotion surgit à ma vue, elle était là, me tenant la tête en attendant l’ambulance. Une sorte d’émotion mitigée entre « je suis rassuré, il est vivant » et un flashback de mon visage dans ses mains, sur le lieu de l’accident…

Ils me demandent ce qui s’est passé ce jours là,… Je leur explique qu’en dehors de l’avant accident, je ne me souviens de rien, ils me rassurent en me disant que la responsabilité est clairement établie.

Je ne suis pas rassuré, je ne comprends pas,…