caramail

En ce moment sur la blogosphère, comme on l’appelait en 2005, on parle beaucoup d’un classement comme on aimait à en faire en 2007: « Le Top 100 des experts du web en Suisse Romande selon leur influence sur les réseaux sociaux » – à lire ici
Wahou, quel programme !

Je m’étais entrepris dans la rédaction d’un post en réponse direct à cet article tant je le trouve maladroit…

Puis je suis tombé sur son meaculpa et je fais une parenthèse pour cette attitude que je salue, Bravo ! – Ce deuxième article est lui plutôt intelligent, honnête, mais toujours peu utile… car le fond, la base de l’article est maladroit.

 

Maladroit, pourquoi ?

Car le public cible, le lecteur susceptible de tomber sur cet article n’a pas les outils et les arguments nécessaires à la compréhension de ce type de classement, comment le prendre, le comprendre et surtout qu’en faire ? quelle est son utilité ?

Je m’explique et surtout je souhaite décortiquer cet article pour les nombreuses personnes qui ne sont pas du « domaine » (à savoir qui ne travaillent pas directement dans les métiers du web, du marketing ou de l’innovation), qui ne connaissent pas les personnes citées et qui ne connaissent surtout pas les personnes non citées. Car au vu des réactions sur certains réseaux, beaucoup ont pris cet article comme un indicateur de talents, pour ne citer que les fameux « Congrats » sur Linkedin et autres « clap clap » sur Facebook.

D’après moi un classement « d’experts », disons plutôt un classement de Talents doit se faire en fonction de l’expérience, du contexte, du domaine d’expertise et de la valeur ajoutée et surtout pas sur un ratio de tweets et autres réactions générées sur des réseaux.

Bref, bien que l’auteur du post ait reconnu, après coup, que l’outil permettant de classifier et attribuer une note ne fait pas l’unanimité et que les résultats générés sont finalement contestables, comment peut-on, en 2015, comparer et surtout classifier des gens qui ne font et ne se positionnent pas du tout dans le même domaine ?

ça ne viendrait à l’idée de personne de comparer et mettre une échelle de valeur sur les résultats d’un sprinter ou d’un spécialiste du 800 mètres, bien qu’ils évoluent dans un stade…

Tous les athlètes évoluent dans un stade, ça fait partie de leur vie mais ce n’est pas pour autant qu’on fait courir le sprint à un lanceur de poids…

 

[…] experts du web […] *

Certaines personnes présentes dans ce classement se positionnent clairement dans des domaines orientés social media alors que d’autres ont pour domaine d’expertise l’innovation, les ressources humaines, la stratégie d’entreprise, le design ou le traitement de l’information.

Est-ce que la classification primaire « experts du web » est justifiable par une simple présence en ligne et/ou le fait d’être dans le même réseaux ?

Que signifie ce terme « experts du web » et qui définit son périmètre ?

 

[…] leur influence sur les réseaux sociaux […]

Qu’est-ce que l’influence ?

Que signifie l’influence sur les réseaux sociaux ?

Est-ce qu’un nombre de tweets ou de mentions, un dialogue entre deux personnes est réellement de l’influence ?

Voilà les questions qu’il aurait fallu aborder dans cet article.

La notion d’influence ou de résonance n’a absolument pas la même portée et la même signification pour un Graphic designer ou pour un Social media specialist. Les outils principaux d’un social media specialist sont les réseaux sociaux, la visiblité, la participation ou l’échange sur les plateformes web, cela fait partie de son travail et même de son personal branding. Comment comparer l’influence d’un designer sur Behance, DeviantArt, sur la marque pour laquelle il travaille à un moment T ou simplement sur ses collègues?

La compréhension de l’influence et de la notion d’ « experts du web » doit donc être établie selon un contexte précis et rigoureux, ceci pour être impartial et surtout comparable. La donnée ne peut pas être laissée à la libre interprétation et au point de vue de chacun.

Si le titre de l’article avait été:

« Top 100 des Suisses romands selon leur influence sur les réseaux sociaux », cela poserait beaucoup moins de problèmes d’interprétation car les termes: Suisse romand + influence + sur les réseaux sociaux définissent un contexte clair et précis.

A l’heure de la recommandation, d’une transparence qui devrait être assumée, ce genre de classement obscur est très peu pertinent et est du niveau d’un journal gratuit lu rapidement. Aucune analyse, aucune recherche, aucune grille « réelle » de comparaison et aucune valeur exploitable concrète.

Aujourd’hui, le fameux « web suisse romand » est remplis d’experts et de spécialistes qui prennent de la place,… beaucoup parlent fort, comme ce type au fond de la salle, mais je dois dire qu’au vu de son évolution au cours des 15 dernières années, il prouve qu’il est rempli de talents, de gens compétents, de gens discrets qui n’ont surtout pas besoin de classement pour bien faire leur travail,… !!

A quoi sert ce classement ? Car comme l’exprime le fameux adage de Jean Charles McCain « C’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus! »
A quoi bon clamer sur tout les toits qu’on est un expert,…? qu’est-ce que cela cache ?

Si vous êtes si talentueux, que vous avez une experience forte, les gens devraient le savoir, non ?

Pour la suite, je vous propose la lecture de cette excellente LETTRE OUVERTE À TOUTES LES AGENCES CRÉATIVES de Jan De Schepper – parue sur le site du Cominmag – et qui remettait ce fameux monde de la communication romande en place (non, le julien qui commente, ce n’est pas moi !).

On peut ne pas être d’accord avec le discours de cette lettre ouverte ou avec mon post, mais un peu d’humilité, de recul et surtout une bonne dose de réflexion n’a jamais fait de mal à personne.