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On me transporte hors des urgences, j’arrive en soins continus de neurologie, une sorte de soins intensifs, je ne sais pas quelle heure il est, mais j’ai l’impression qu’il fait nuit, je veux dormir, je sens mon corps comme haché, la sensation de m’être fait marcher dessus, les douleurs sont là, comme une impression que plus rien ne fonctionne ensemble.

Je ne sens plus, au propre comme au figuré, je n’ai plus d’odorat, toutes les heures une infirmière vient me voir, contrôle les moniteurs qui m’entourent, ma vision est toujours aussi floue, noire, hachurée, je vois des rideaux, je vois des taches noires, j’entends des bip, bip… on teste ma vision, parfois je ne vois plus.
Dès lors et pendant 3 jours je n’aurais plus la notion du temps…

On me fait régulièrement des prises de sang, on constate que mon taux d’hémoglobine continue de baisser, plus tard on me refera un scanner pour être sûr que je n’ai pas d’empêchement.

On me tourne sur le côté, trois infirmiers me bougent, ils me lavent, j’ai du sang dans la bouche, ils me mettent de la crème dans le dos, ça fait tellement de bien,… j’ai envie de leur dire merci, mais c’est difficile, il fait extrêmement chaud, j’ai besoin de dormir.

Mes journées sont rythmées de contrôles, pression, rythme cardiaque, saturation, j’ai de la fièvre. Les repas sont mixés car je n’arrive pas à mâcher, les infirmiers me nourrissent en me parlant, ils me soutiennent et me racontent des banalités mais tellement essentielles, ils sont gentils et attentifs. Je n’ai plus peur…

Au matin du 2ème jour, un rituel me surprend, des médecins, entourés de plusieurs personnes, entre 5 et 8, se présentent devant moi, ils citent, à haute voix, ce que j’ai; ils discutent entre eux, une sorte de tour d’un musée où les patients sont les étapes.

Pendant ces tournées, on ne nous parle pas directement, on nous observe, on ne nous explique rien et on repart, alors que j’ai tellement de questions, mais quand je veux les poser elles sont oubliées. De toute manière faire fonctionner mon cerveau pour entrer en conversation me paraît trop difficile.

Je n’arrive pas bien à parler, je perds mes mots, je ne sais plus,… Lorsqu’il y a plus de deux personnes dans mon champ de vision je n’arrive plus à suivre. J’entends trop, je n’arrive pas à faire le point et focaliser mon attention …On m’expliquera, 3 semaines plus tard, que mon cerveau n’a plus la capacité de filtrer les sons et la vision, j’entends donc tout: le ventilateur, la personne qui me parle, le bip au fond de la salle, une conversation à l’autre bout de la pièce. Je n’ai plus la capacité de me concentrer et de prioriser les choses que ce soit visuellement ou auditivement.

Je reste 3 jours dans cette section, confiné, au calme, comme protégé puis à la fin du 4ème jour, on pense qu’il est temps que je sorte de cette section «d’urgence» pour regagner la vie.

On me transfert dans une chambre avec 4 autres personnes, une cinquième s’ajoutera.